Introduction
L’année 2024 a été marquée par une performance exceptionnelle des marchés financiers, conjuguée à une stabilité du dollar américain, entraînant une augmentation significative de la richesse mondiale. Cette montée en puissance, mesurée à 4,6 %, représente une accélération par rapport à la croissance de 4,2 % observée en 2023. Cette dynamique met en lumière des groupements de fortune inédits, avec un afflux notable de nouveaux millionnaires. Ce article explore les principales tendances et les implications entourant la distribution de la richesse à l’échelle mondiale.
Croissance spectaculaire des millionnaires quotidiens
Un phénomène marquant constaté est l’essor des « EMILLIS », ou millionnaires quotidiens, c’est-à-dire des individus possédant des actifs investissables compris entre un et cinq millions de dollars. Ce groupe, qui comptait uniquement 13 millions de personnes en 2020, a vu sa population quadrupler pour atteindre 52 millions d’ici à 2024. Ensemble, ces millionnaires détiennent des actifs dépassant 107 trillions de dollars, une somme proche des 119 trillions cumulés par ceux possédant plus de 5 millions de dollars. Ces chiffres sont en grande partie alimentés par la valorisation de l’immobilier, consolidant ainsi leur statut d’acteurs incontournables sur la scène économique future.
Répartition géographique de la richesse
Le Global Wealth Report de UBS révèle également des disparités notables dans la richesse moyenne des adultes selon les régions du monde. En 2024, les citoyens d’Amérique du Nord affichent une richesse moyenne de 593 347 dollars, suivis de ceux d’Océanie (496 696 dollars) et d’Europe occidentale (287 688 dollars). En examinant davantage, on note que les États-Unis dégagent une richesse moyenne par adulte de 620 654 dollars, se plaçant ainsi juste derrière la Suisse (687 166 dollars). Cette ascension met fin à la quatrième position des États-Unis en 2023, surpassant des pays comme le Luxembourg et Hong Kong. La tendance suggère que les États-Unis resteront à l’avant-garde de la croissance de la richesse mondiale au cours des cinq prochaines années.
Un accroissement constant du nombre des millionnaires
La population des millionnaires en dollars a enregistré une hausse de 1,2 % en 2024, ce qui équivaut à plus de 684 000 nouveaux millionnaires par rapport à l’année précédente. Plus de 379 000 nouvelles fortunes ont vu le jour aux États-Unis, soit en moyenne plus de mille nouveaux millionnaires par jour. Ce pays représente à lui seul plus de 40 % de la population mondiale des millionnaires.
Disparités générationnelles dans la distribution de la richesse
Le rapport met en lumière des différences générationnelles marquées dans la répartition des richesses aux États-Unis. Les Millennials, nés après 1981, ont tendance à investir une part plus importante de leurs actifs dans des biens de consommation durables, l’immobilier et les entreprises privées. En revanche, les Baby Boomers (nés entre 1946 et 1964) détiennent plus de 83 trillions de dollars en richesse nette, largement devant la Génération X (1965-1980) et la Génération silencieuse (née avant 1945).
Les schémas d’allocation de la richesse varient également d’un pays à l’autre. Par exemple, les États-Unis privilégient les investissements financiers, alors que l’Australie s’oriente fortement vers l’immobilier. À Singapour, l’accent est mis sur les assurances et les fonds de pension.
Perspectives d’avenir : transferts de richesse
À l’horizon des prochaines décennies, une estimation de 83 trillions de dollars devrait être transférée dans les 25 prochaines années, incluant environ 9 trillions entre conjoints et à peu près 74 trillions à travers les générations. Les États-Unis se distinguent avec des transferts de richesse prévus dépassant 29 trillions de dollars, suivis par le Brésil (près de 9 trillions) et la Chine continentale (plus de 5 trillions).
Conclusion : La richesse en tant que force sociale
Paul Donovan, économiste en chef chez UBS Global Wealth Management, souligne que la richesse ne saurait se résumer à un simple indicatif économique. Elle constitue également une force sociale et politique. « À mesure que nous avançons dans la quatrième révolution industrielle et face à l’augmentation de la dette publique, la manière dont la richesse est distribuée et transférée influencera les opportunités, les politiques et le progrès », indique-t-il. Ce rapport met en exergue les évolutions dans la possession de la richesse, notamment l’ascension du pouvoir économique féminin et l’importance persistante de l’immobilier et des tendances d’actifs à long terme.
La dynamique actuelle invite donc à une réflexion approfondie sur le partage de la richesse et ses retombées sur notre société. La tendance est à l’évolution et les professionnels de la finance, les investisseurs et les politiques doivent s’adapter à ce paysage en mutation.
